À chaque fois, que je dois présenter dowhityourself, le même casse tête commence. Comment expliquer que je couds, que je brode, que je tricote, que je propose des ateliers couture, que je mets en place des modèles qui tendent vers le zéro déchet, que je valorise le peu de déchets restants, que j’ai créé le bar à tissu où je te propose mes chutes à revaloriser, que je récupère des échantillons et chute pour te proposer des pièces uniques, et ce, en quelques mots seulement.

Dans ma tête il y a des tas d’idées. Dans ma vie, il n’y a pas toujours le temps de les concrétiser. Ce n’est pas une raison pour que j’en laisse tomber quelques unes au passage. J’attends le bon moment. Laisse-moi une minute, une heure, une journée, une saison, une année…

Comment trouver un fil conducteur ?

La question se pose alors : « Comment trouver un fil conducteur ? ». Je refuse de me restreindre à l’une ou au l’autre idée, à l’une ou l’autre discipline. Comment alors rassembler ces différentes disciplines dans un projet qui me ressemble, qui raconte une histoire, mon histoire ? Parmi toutes ces formes de création, le point commun est l’intention.

Créer de façon responsable.

Depuis quelques temps, je me renseigne sur des labels éco-responsables. Des certifications que je pourrais obtenir pour dowhityourself. Un label, ça donne toujours bien. La nature même de la production artisanale et passionnée que je conçois et réalise dans mon petit atelier à la maison ne me permet pas, par exemple, de connaître avec précision l’origine des tissus qui sont utilisés, ou de garantir la conformité des pièces produites en série. Mon engagement à proposer des pièces uniques limite également les possibilités puisque je me fournis au plus proche et dans des quantités dont j’ai besoin pour cette pièce unique. Il m’est impossible de « rentrer dans les cases » des labels qualité.

Comment faire alors pour m’assurer que je crée de façon « responsable »?

Bio, local, éthique, pas de CO2, pas de polluants, pas de déchet, pas de plastique, accessible à tous, prix justes pour toi mais aussi pour moi, la barre est haut. L’engagement est fort. Mais qui a dit que l’on devait cocher toutes les cases en même temps ? Dans le monde dans lequel on vit, dans la société dans laquelle on vit, je suis convaincue que pour chacune des actions qu’on entreprend, il est impossible d’être à 100% clean.

Alors on baisse les bras ? NON, jamais.

Je pense que l’on se doit d’agir, tous, selon nos moyens. Ces trois derniers mots sont importants selon. nos. moyens. Par expérience, je sais qu’on a tendance à sous estimer l’étendue de nos « moyens ». Bien qu’il soit souvent question d’argent, il n’y a pas que ça. Il y a le temps aussi. Et il est si précieux.

Nous avons aussi tendance à penser que ce dont on est capable est quelque chose de figé. C’est faux. Les choses évoluent, un processus qui était inabordable il y a peu, ne l’est peut-être plus grâce à des progrès technologiques. Peut-être que la version éco-responsable d’un outil du quotidien est impayable alors que la solution est tout simplement celle-ci : tu n’en as en fait pas besoin. Less is more. Et l’alternative est peut-être même bien gratuite. (qui sait ?)

Faire selon ses moyens c’est avant tout accepter que les choses changent, que ça bouge, qu’une mise à jour de nos connaissances, nos apprentissages et nos certitudes est nécessaire pour sortir des idées reçues. Ne vous arrêtez jamais aux idées reçues. (Bon, ça c’est un conseil plutôt universel.)

Pragmatisme

Le monde dans lequel nous vivons n’est pas aussi binaire qu’on pourrait parfois nous le montrer. Il faut aussi accepter qu’il existe autant de versions de la fameuse perfection, qu’il existe d’êtres humains. Il faut dès lors apprendre que chacun est là et qu’on ne peut tout changer. Il nous est par contre possible d’identifier dans les perfections de chacun les opportunités à saisir et de travailler ensemble.

Je fais une petite parenthèse en bas de la page pour te raconter l’expérience qui a été un déclic pour moi.

Se battre pour éradiquer seule l’utilisation d’énergies fossiles ? C’est faire erreur sur les moyens que j’ai à ma disposition. Par contre, sur base de mes ressources disponibles, que puis-je faire pour que ça soit « mieux », que mes actions soient responsables ?

responsable

adjectif
(latin responsum, de respondere, répondre)

  • Qui est réfléchi, sérieux, qui prend en considération les conséquences de ses actes : Ce n’est pas une attitude responsable.
  • Qui s’emploie à respecter les valeurs du développement durable.

Alors ce bio, local, éthique, sans CO2, sans polluant, sans déchet, sans plastique, accessible à tous et au prix juste pour toi et pour moi ? L’engagement est fort, ambitieux même. Trop ? Mais qui a dit que l’on devait cocher toutes les cases en même temps ? Personne. J’ai donc fait des choix.

Reprenons la liste de toutes mes idées et projets !

  • Je couds principalement sur demande. Pas de vente forcée (de toute façon, je n’aime pas ça), pas d’excès.
  • Je brode selon mes envies, sur du coton ou tissu de recup, avec du fil de coton.
  • Je tricote de petits modèles rapides à faire pour que le prix reste accessible pour toi.
  • Je propose des ateliers de couture pour que tu puisses emporter ce savoir faire avec toi et que tu puisses, par exemple, réparer ou customiser tes propres vêtements et accessoires.
  • Je mets en place des modèles qui tendent vers le zéro déchet.
  • Je valorise le peu de déchets restants en pièces uniques.
  • Je mets à ta disposition le bar à tissu où je te propose mes chutes à revaloriser. En savoir plus.
  • Je propose des pièces uniques ou en micro série à partir d’échantillons et chutes récupérées.
  • Mais aussi…
    • Je privilégie le coton, matière naturelle et respirante.
    • Les modèles pour bébé sont obligatoirement en coton ou autre matière naturelle. Les matières premières portent obligatoirement le label Oeko-Tex (garanti sans substance toxique).
    • Lorsque je couds avec du neuf, je refuse le plastique.
    • J’emballe mes commandes dans des cartons récupérés et propose le retrait à l’atelier.

Accepter

Il ne me reste plus qu’à accepter que ce n’est pas parfait mais que c’est ma part, selon mes moyens et ressources disponibles. Sans faire la leçon. Ce n’est pas mon rôle. Ce n’est pas ma responsabilité. (Par contre, on échange quand tu veux à ce sujet !)

Je voudrais être responsable, avancer, agir, accepter et non découvrir, à la fin de la journée que je n’avais rien fait.

Ma définition de Être Responsable ? Être capable de jauger où se situent tes responsabilités et de t’y aligner. Faire de ton mieux, avec ce que tu as et sans ce que tu n’as pas.

Accepter (encore)

Que tu ne pourras pas faire la part des autres. Voilà. C’est tout.


Voilà la parenthèse en bas de la page pour te raconter l’expérience qui a été un déclic pour moi.

Le pragmatisme à l’état pur.

J’ai eu l’occasion avant d’entamer mon job actuel, de suivre le parcours de recrutement au sein d’une ONG à la portée mondiale et qui travaille pour l’accompagnement des entreprises productrices de gaz naturel à réduire leurs émissions. Mon premier réflexe en voyant leur offre d’emploi :  « Travailler AVEC les producteurs d’énergies fossiles ? JAMAIS. » Et puis j’en ai lu un peu plus sur leur travail. La base pour eux, c’est la science, la recherche. Ils ont d’ailleurs fourni les bases scientifiques pour deux des plus grandes résolutions passées en la matière pour les États-Unis et la Commission Européenne.

Ils effectuent principalement des recherches sur la détection de fuites des conduites de gaz, responsables d’une part considérable des émissions de gaz à effet de serre mais également une perte d’argent considérable pour les producteurs de gaz. Et c’est là qu’ils m’ont convaincue. Tu sais comment ils présentent leurs résultats aux entreprises ? En somme d’argent qu’ils peuvent économiser. Colmater les fuites, ça ne coûte pas très cher, perdre du gaz, si. Ils ne leur font pas la leçon, ils sont là pour les aider.